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21 juin 2015

La véritable origine d’Anne Marguerite Brandon

La véritable origine d'Anne Marguerite Brandon
LEXIQUE

Tel que confirmé par plusieurs historiens et généalogistes, Anne Brandon est arrivée à Québec le 18 août 1665. Elle avait traversé l'Atlantique à bord du Saint-Jean-Baptiste de Dieppe. Elle est également arrivé à Montréal la même année. Par son mariage avec Pierre Dagenais, elle a laissé une descendance qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours. 


Anne Brandon n’a pas laissé de contrat de mariage. Il a été célébré le 17 novembre 1665 à la paroisse Notre-Dame de Montréal par le curé Gabriel Souart devant les témoins Pierre Jarry, Nicolas Hubert, tailleur, et Gilbert Barbier, ancien marguillier; Anne est dite : « fille de Daniel et Jeanne Proli de la paroisse de St Laurent a Sedan ». Rien dans nos registres ne suggère qu’elle ait grandi dans la religion protestante.

Yves Landry qui la considère comme une fille du roi écrit :
dans la constitution de notre répertoire des filles du roi, nous n’exigeons pas de chaque immigrante une preuve documentaire garantissant l’assistance financière de l’État par le moyen de la dot royale seule suffit la présomption fournie par l’année d’immigration, la liberté de contracter mariage et l’absence apparente d’aide privée.
Son décès – sa soeur Élisabeth à Paris et son frère Jean à Lyon
L’acte de sépulture d’Anne Brandon n’existe pas. Son mari Pierre Dagenais ayant été tué par les Iroquois le 9 août 1689, Langlois écrit qu’il en fût probablement ainsi pour elle. Une procuration signée par ses enfants mais ignorée des auteurs confirme qu’elle a subi le même sort que son mari. 

Signé le 21 septembre 1702 devant Me Pierre Raimbault, notaire à Montréal, l’acte mentionne les noms de Pierre Dagenet, Pierre Chonar et Françoise Dagenet sa femme, Claude du May dit la Feuillade et Cécile Dagenet sa femme, Élisabeth Dagenet femme de Jean Auger dit Libourne, « fils et filles de deffuncts Pierre Dagenet vivant habitant de cette isle et tailleur d’habits et de deffuncte Anne Brandon sa femme leurs pere et mere pris et tues par les Hiroquois il y a environ quatorze ans ». Par cet acte, les enfants se constituaient comme leur procureur :

Elisabeth Brandon leur tante veufve de deffunct Mathurin Corel dt a Paris chez le Sr Morel ch aud lieu rue de Sevre parroisse de S Sulpice pour recevoir du Sr Jean Brandon leur oncle maternel marchand a Lion y demeurant rue des quatre chapeaux a la plume royalle tout ce qu’il plaira aud. Sr Brandon de donner ou envoyer auxd. Dagenes […]

Les rues de Sèvres à Paris et des Quatre-Chapeaux à Lyon existent toujours.



1. Registre paroissial protestant 
Les registres paroissiaux de Sedan pour la période qui nous intéresse ont été détruits en 1940. La Société de l’Histoire du Protestantisme Français avait heureusement fait des copies des registres protestants pour lesquels il existe cependant une lacune de 1610 à 1629 inclusivement.

2. Greffe de notaire
Au tournant de 1900, le greffe du notaire Me Philippe du Cloux, arrière grand-père de la Canadienne, passé ensuite à Me Jean Stasquin, était en la possession de l’étude Rousseau de Sedan. L’érudit sedanais Ernest Henry en a publié des extraits dans des revues savantes de la région. Il mentionne que l’étude Stasquin « appartint en 1930 à Me Maillot. Les minutes dans cette étude, elles ont disparu lors du déménagement de la rue Saint- Michel à la maison de Montagnac : c’est une grande perte pour l’histoire7».

3. Fonds d’Archives communales de Sedan
À propos de ces archives, Hubert Collin écrit : « elles sont restées inexploitées pour des travaux historiques de quelque envergure. On peut raisonnablement estimer qu’il s’agit d’un fonds neuf qui attend les chercheurs », comme ce serait le cas des lecteurs qui voudraient approfondir le sujet de cet article. Il manque toutefois beaucoup de documents : « Mai 1940 soixante caisses d’archives de la ville de Sedan furent acheminées à Tourteron : sept caisses
parvinrent ensuite à Niort. Les caisses laissées à Tourteron furent retrouvées éventrées et vidées de leur contenu. »


Contexte historique :  les principautés protestantes à l’est de la France
au 16e et au 17e siècle


Pour bien comprendre l’origine des différentes familles protestantes, les du Cloux et les Brandon, dont Anne est issue, un bref rappel historique de la région qui l’a vu naître est nécessaire. 

Il y avait alors, entre la France et le Saint Empire romain germanique, des États tampons appelés principautés ou terres souveraines, rattachés par la suite à la couronne de France dont Château-Regnault et Sedan, aujourd’hui dans le département des Ardennes.
La principauté de Château-Regnault


D’abord en la possession de la famille de Clèves puis, en 1568, dans la famille de Lorraine. Le 10 mars 1629, Louise-Marguerite de Lorraine cède la principauté à Louis XIII, roi de France, Pendant la seconde moitié du 16e siècle, un arrièrearrière-grand-père d’Anne Brandon, Jean du Cloux « licencié ès-lois, bailly des terres-souveraines de Château-Renaud10 », est recruté par le prince de Sedan comme l’un des experts chargés de rédiger la Coutume de Sedan :

Le prince Henri-Robert de la Marck, duc de Bouillon, voulant améliorer la Coutume de Sedan, formée en 1539, chargea de ce travail important treize jurisconsultes... figure honorablement parmi eux. Jean du Cloux, bailli des terres souveraines de Château-Regnault. Cette coutume a paru sous ce titre :
Ordonnances du duc de Bouillon (Henri-Robert de la Marck), pour le règlement de la justice dans ses terres et seigneuries souveraines de Bouillon, Sedan, Jamets, Raucourt, Florenge, Floranville, Messaincourt, Lognes et le Saulcy; avec les coutumes générales desdites terres et seigneuries. Paris, Robert Estienne, 156811.
Après la fin des travaux, le prince Henri-Robert de la Marck convoqua les états généraux de Sedan; parmi ceux qui y prirent la parole pour parler au prince, il y avait Jean du Cloux, qualifié de « député de la commune de Sedan et orateur des États ».

La principauté de Sedan

À la fin du 16e siècle, cette principauté où fut baptisée Anne Brandon, était en possession de la famille de La Marck. Particularité : son prince, Henri-Robert de la Marck et son épouse Françoise de Bourbon, adoptèrent la religion protestante en 1563, aussi appelée religion prétendue réformée, ou RPR; c’est ainsi que Sedandevint un foyer du protestantisme.

Sedan sépare le duché de Luxembourg de la Champagne et de la France, et cette position nous explique en partie l’affluence dans ses murs des réformés allemands, français et hollandais.
Les Brandon de la région de Sedan

Châlons, lieu d’origine de nos Brandon, est à 139 km de Sedan. Les protestants n’y étaient pas les bienvenus; ainsi, dès le 3 avril 1560, « le Conseil de ville de Châlons […] prit une conclusion pour défendre expressément les assemblées illicites »; et, lorsque le 1er mai 1562 à Vassy, 60 protestants furent tués et 200 blessés, ce massacre fut « le signal de la guerre civile qui se répandit rapidement ». 

La famille Brandon avait choisi le protestantisme – et l’exil – bien avant que Sedan et son prince n’adoptent la religion réformée. Ainsi, on constate que dès 1558, le potier Jehan (Jean) Brandon de Châlons est reçu habitant de Genève :
Dès sa première éclosion, en 1517, la Réforme fut génératrice de proscriptions et d’exils […] à cette époque [1549-1560] c’est de la Réforme Française, ou tout au moins francophone, que Genève est devenue le centre avec Calvin, Bèze, Farel comme chefs, et d’innombrables Languedociens, Normands, Orléanais, Dauphinois, etc., comme troupe[…]. [Le] registre et rolle des estrangiers francoys […] et autres, lesquelz presentans supplication et jurans es mains de messieurs d’estre obeissantz subjectz […] ont esté receuz pour habiter sous la gremie de noz seigneurs et superieurs […] lundy 26 de décembre 1558 […] Jehan Brandon, pottier d’estain, natifz de Chalons en Champaigne […]
Rappelons qu’il y 444 km de distance de Châlons-en-Champagne à Genève et 573 km de Genève à Sedan18. Ce potier, Jean Brandon, est vraisemblablement l’arrière-grand-père de la Canadienne. 

Il fait baptiser trois enfants à Sedan au début de l’ouverture du registre protestant. Sur son acte de décès, son fils Abraham, également potier puis hôtelier, est qualifié de natif de Châlons-sur-Marne (ou Châlons-en-Champagne).

Sur 10 000 habitants que comptait la ville de Sedan, il n’y avait que 1500 catholiques. Louis XIII en prit possession en 1642, (Anne Brandon avait alors 8 ans), et le 30 juin 1644, son successeur Louis XIV promulgua un édit qui promettait de laisser aux protestants tous leurs privilèges :
Et quant à nos sujets desdites souverainetés faisant profession de la religion prétendue réformée […] Nous déclarons, voulons et nous plaît qu’ils continuent en la possession des mêmes droits, privilèges, prérogatives, avantages, libertés, exercices publics et particuliers de ladite religion […]
Malgré cet édit, les nombreuses mesures anti-protestantes de Louis XIV vont, par la suite, inciter bon nombre de familles huguenotes ne voulant pas se convertir au catholicisme à quitter Sedan pour des horizons meilleurs. Plusieurs se rendent aux Pays-Bas, où les protestants pouvaient librement exercer leur religion, et de là ils émigreront de par le monde, vers les colonies hollandaises de Batavia (Jakarta, Indonésie) ou de Nieuwe Amsterdam (New York).

Cela explique que si Anne Brandon a pu connaître un destin tragique en Nouvelle-France, ces mêmes années, son cousin germain, Jean Henri Brandon, peintre et fils de peintre, peignait le portrait des souverains d’Angleterre, Guillaume d’Orange et Marie Stuart; ou qu’elle soit parente avec un ancien ministre des Colonies des Pays-Bas Fokko Alting Mees, marié à Jakarta, alors colonie hollandaise; enfin, que des milliers de Nord-américains d’origine canadienne-française soient apparentés par elle avec Theodore Roosevelt, 26e président des États-Unis. Cette parentèle passe par la famille du Cloux et par Josse de Forest que certains ont erronément déclaré être l’ancêtre des Forest du Canada français.



Ce tableau nous servira à examiner les familles connues dont descend Anne Brandon.



La famille du Cloux

Élisabeth du Cloux, épouse d’Abraham Brandon et grand-mère d’Anne Brandon, est issue d’une famille de notables qui a déjà fait l’objet de publications par A. H.G. P. van den Es et le Nederland’s Patriciaat, les descendants de cette famille protestante ayant quitté Sedan pour les Pays-Bas. 

Le Nederland’s Patriciaat note avec raison qu’il y a plusieurs erreurs dans la généalogie de van den Es, jugée « incomplète et pas fiable ». La famille blasonnait d’argent, à un vaisseau voguant sur une mer, le tout au naturel. Cimier, un bras tenant un poignard dans l’action de frapper.
JEAN DU CLOUX

Le premier ancêtre connu d’Élisabeth est Jean du Cloux, licencié ès lois, bailli de Château-Regnault puis bailli de Sedan. Avec son épouse, Françoise Roland, dont nous ignorons l’ascendance, il eut plusieurs enfants, dont :
  1. Nicaise, châtelain de Château-Regnault, époux de Marie Aubertin, père deMarie du Cloux, épouse de Josse de Forest, dont une grande descendance se retrouve aux États Unis.
  2. Philippe, arrière-grand-père de la Canadienne, notaire et bourgeois de Sedan. Il épouse Marson Patoulet, non pas Manon, comme on peut le lire dans Internet. Nous ignorons qui sont les parents de l’épouse. Ils ont eu au moins cinq enfants, dont trois inscrits dans le registre RPR de Sedan :
a. Anne, m 27 septembre 1585 Gérard Baron, receveur et marchand
b. Marie, m Jean Stasquin, notaire
c. Philippe, notaire, b 20 janvier 1572
Parrain et marraine, « Robert de la Motte, capitaine de ceste ville et demoiselle Marie de Mousah », mari et femme, d’après la naissance de Judith de la Mothe le 1er octobre 1575; m Madeleine Gommeret, native de Meaux (Brie). On trouve une partie de sa descendance dans le Nederland’s Patriciaat.
d. Élisabeth, épouse d’Abraham Brandon, b 6 décembre 1575
Parrain et marraine, Jean « Gilehay » et Marie Franquin
e. Jean, b 30 septembre 1582
Parrain et marraine, Me Jean Carlier et Simone Fouquet. On retrace Jean aux Pays-Bas dès 1613
Selon le registre, le nom du parrain d’Élisabeth est bien Jean Gilehay (pour de Gelhay) et sa marraine Marie Franquin, non Jean Oilegan et Marie Stasquin comme l’ont publié van den Es et les internautes qui l’ont cité. 

Il s’agissait tout simplement des voisins du notaire Philippe Ducloux. Jean de Gelhay, archer, et son épouse Marie Franquin ont fait baptiser trois enfants à Sedan : Isaïe, 6 février 1575; anonyme, 22 janvier 1581; Marthe, 14 août 1583. L’érudit sedanais Ernest Henry nous apprend qu’ils ont habité :

la maison rue de l’Horloge no 10 […] vendue successivement : le 11 octobre 1565, Jean de Gelhay et Marie Franquin sa femme achètent le tiers d’une maison petite près des ramparts des murailles vers la Rivière la Meuze pour le prix de vingt-trois livres. Cette partie vendue appartenait veuve Mathieu laboureur à Floing. Le 20 juin 1571 les époux de Gelhay Franquin vendirent à M. François de Lâlouette, avocat en parlement, bailli de Vertus […] Comparait personnellement Jehan Gelhay archer des ordonnances du roi sous la charge de Monseigneur… et promet garantir même de faire gréer consentir accorder cette vendition par Marie Franquin sa femme sy besoin est… une maison.. sise en la ville de Sedan en la rue Neufve (de l’horloge) tenant d’une part, à Me Charles Deshayes, recepveur ordinaire de Monseigneur, et d’autre part à Philippe Ducloux notaire au bailliage du dit Sedan faisant front sur la rue et aboutissant par derrière aux remparts des murailles de la dite ville… Cette maison était vendue pour 2,000 livres le 17 juin 1610 à Suzanne Brandon, qu’Ernest Henry qualifie de veuve de Claude Pontois, mais que le registre de Sedan nomme Claude Poulet.

Le 6 janvier 1579 :

Philippe Ducloux, notaire et Marson Patoule sa femme vendent à Marin Bosne sieur de l’Illebonne Antheny et Chaulin demeurant au dit lieu et Françoise de Taïs sa femme – Maison rue Neuve du Menil devant l’horloge consistant en chambre et cuisine basse 2 chambres hautes, caves et cellier et double grenier. 23 pieds front sur petite Courcelle, jardin qui appartient à Collignon Eschellin la largeur de lad. maison a selon son alignement et de profondeur jusqu’a un pied pris de l’alignement des estables dudit Collignon venant à 24 pieds en profondeur – long 630 livres.

Selon Ernest Henry:

Cette maison sise à Sedan et fut acquise par Lille Bonne. La Rue Neuve du Menil devait être dans les environs où la place de la Halle joint la place d’Armes (de l’Eglise) dans le voisinage qui était sur la porte de l’horloge. À l’époque Sedan se composait de deux agglomérations : la veille ville qui comprenait la rue actuelle avoisinant le château, et le Menil qui comprenait la rue actuelle du Mesnil, les rues adjacentes et le faubourg du Mesnil; la place de la Halle a joint les 2 villes. 
La famille Brandon

JEAN BRANDON ET JEANNE PASQUET



Nous avons vu qu’un Jean Brandon, potier de Châlons, était à Genève en 1558. C’est probablement le même que Jean Brandon, l’ancêtre d’Anne, qu’on retrouve à Sedan et qui est qualifié de « potier » au baptême de ses enfants Susanne et Isaac. Il avait dû se rendre de Genève à Sedan avec sa femme Jeanne Pasquet et leur fils Abraham, né avant 1575.

Le couple fait baptiser trois enfants à Sedan :

  1. Susanne  b. 3 mars 1575 ++ Parrain et marraine, Jean Jaquier et Nicole Item
  2. Isaac  b. 6 décembre 1579 ++ Parrain et marraine, François Roussel et Madeleine de Marolles. François Roussel, lieutenant général au baillage de Sedan, était l’époux de Madeleine de Marolles; leur fille Madeleine épousa Pierre Canelle le 25 mars 1607.
  3. Jacob  b. 17 juillet 1582 ++ Parrain et marraine, Nicolas Séguin et Marie Séguin

ABRAHAM BRANDON ET ÉLISABETH DU CLOUX

Abraham, fils du potier Jean Brandon, avait épousé Élisabeth, fille du notaire de Sedan, Me Philippe du Cloux. Un document de 1629 relatant un duel entre Philippe de Merode, comte de Middelbourg et le Bâtard de Croy donne quelques détails sur l’emplacement de l’hôtellerie d’Abraham Brandon :
Les efforts qu’on fit pour empêcher le duel furent impuissants ; les deux seigneurs réussirent à se rejoindre en France, au petit village de Torcy, près Sedan. Le comte de Middelbourg y arriva le 13 mars et descendit avec sa suite à l’hôtellerie d’Abraham Brandon... puis on convint de l’heure de cinq à six heures du matin pour prévenir l’ouverture des portes de la ville et il fut question d’un pré situé contre le jardin d’Abraham Brandon, derrière l’hostellerie, assez proche de ladite ville31 … en approchant de la maison de Brandon ils aperçurent le comte à cheval. 
La maison d’Abraham Brandon était située près des remparts de la ville de Sedan, puisque des témoins ont rapporté ce qu’ils ont vu du duel à partir des remparts. Philippe de Merode perdit le duel et rendit l’âme chez le chirurgien Samuel Poilblanc, dont il sera question plus loin.



Au baptême de trois de ses enfants, (Philippe, Rachel et Pierre), Abraham est qualifié de potier ou maître potier, et de marchand à celui de Jean en 1608. Il est décédé à Sedan le 8 mars 1639; il est alors qualifié de natif de Châlons-sur-Marne, « hostelain a Torcy » et âgé de 76 ans.

Le registre de la religion prétendue réformée de Sedan indique six actes de baptêmes au nom des enfants d’Abraham Brandon et d’Élisabeth du Cloux, dont celui de Daniel, le père de la Canadienne, qui sera hôtelier comme son père. Nous ajoutons à cette liste un fils, Jérémie, né en 1613, période de lacune, qui deviendra peintre, et père de Jean Henri qui se réfugiera aux Pays-Bas.
  1. Jean b. 5 septembre 1593 - Suivant la tradition, les grands-parents paternels Jean Brandon et Jeanne Pasquet sont les parrain et marraine.
  2. Philippe n. 18 avril 1596 - Parrain et marraine, Jean Stasquin et Marson Patoulet. L’enfant porte le prénom du grand-père maternel le notaire Me Philippe du Cloux, décédé; l’oncle de l’enfant, Me Jean Stasquin, aussi notaire, époux de Marie du Cloux, sert de parrain; la marraine est la grand-mère maternelle.
  3. Rachel n. 28 mai 1598 - Parrain et marraine, Henry de Lambermont et Rachel Aubertin, qui joueront aussi ce rôle pour Henry de Forest (Josse et Marie du Cloux) le 7 mars 1606. Le parrain est maître des forges à Givonne (les internautes qui ont transcrit les actes concernant Josse de Forest ont écrit Givonne de toutes les mauvaises façons). Nous ignorons s’il existe, le lien familial entre les Lambermont et nos ancêtres. Ce n’est pas le seul lien de parrainage entre les familles : Abraham Brandon et Élisabeth du Cloux sont parrain et marraine d’Élisabeth, fille de Jonas de Lambermont, marchand demeurant à Nouzon, et Ester du Val (van den Es écrit « Asta ») le 6 janvier 160434. Henri de Lambermont venait de Liège; il avait épousé Marguerite Brambach en premières noces et en secondes, Rachel Aubertin. Brambach est aussi le nom d’un orfèvre de Sedan. Ces deux parrainages ont lieu avant le mariage de David de Lambermont, fils d’Henri et de Marguerite Brambach, avec Madeleine du Cloux, fille de Nicaise et de Marie Aubertin, le 5 juin 1605.
  4. Pierre, n 25 mars 1601 - Parrain et marraine, Gérard Baron et Anne du Cloux. Ce Gérard Baron qui avait épousé la soeur d’Élisabeth du Cloux était receveur et c’est probablement pour cette raison que son filleul Pierre le fut également. On trouve en 1648 : « Maître Pierre Brandon, receveur royal des moulins, bâtiments audit lieu de la Tour à Glaire ». 
Pierre Brandon épousa Anne (de) Gantois, baptisée le 23 avril 1600, fille d’Eusèbe, pasteur à Sedan et d’Anne Brisbar. Van den Es a transcrit « Gantois » en « Sautoir » et les internautes ont répandu son erreur. Cette Anne Brisbar était la soeur de l’orfèvre Pierre Brisbar38, autre que celui de 1573 déjà rencontré; le 24 octobre 1602, lui et son épouse Germaine Jolitemps, sont parrain et marraine de Pierre Gantois, fils d’Anne Brisbar.
 Pierre Brandon et Anne Gantois ont eu, entre autres enfants :
a. Jeanne, épouse le 23 avril 1647 Abraham du Cloux, chirurgien, fils d’Isaac, chirurgien et de Marie le Pin, petit fils de Daniel du Cloux, apothicaire et Jeanne Baillet, arrière-petit-fils de Nicaise du Cloux et Marie Aubertin. 
b. Rachel, n 11 b 19 novembre 1633, parrain et marraine Louis de Brossart et Jeanne Proligne fe[mme] Brandon. Nous ignorons qui est ce Louis de Brossart, également parrain d’un enfant du couple Jean Proligne – Rachel Desmarets.
c. Élisabeth, n 25 b 27 mai 1635; parrain et marraine Pierre Marchand et Élisabeth Stasquin sa femme; épouse le 8 juin 1650 Jean Guillot– ce dernier est témoin de l’acte de décès (1) du peintre Jérémie Brandon « Jean Guillon marchand a Sedan neveu du defunt » le 18 avril 1680; et (2) de celui d’Abraham du Cloux le 11 février 1677 « beau-frère du défunt39 » car époux de Jeanne Brandon. 
d. Marie, n 12 b 15 août 1637 Parrain et marraine Jean du Cloux, notaire, et Marie Didier, sa femme,épouse le 29 juin 1652 Abraham Poilblanc, chirurgien, fils de Samuel Poilblanc, déjà cité. 
e. Pierre, n 4 b 5 août 1640Parrain et marraine Pierre Piette marchand et Madeleine Grossier sa femme.
5. Daniel, père de la Canadienne, b 13 février 1605 - Parrain et marraine, Philippe du Cloux et Madeleine Gomiret. Philippe est l’oncle maternel d’Élisabeth du Cloux.



Acte de baptême de Daniel Brandon le 13 février 1605

6. Jean, n 7 février 1608 - Parrain et marraine, Jean Grossier et Marthe du Cloux, mari et femme; ils font baptiser Marie Grossier le 28 septembre 1597.

7. Jérémie, qualifié de « peintre » dans les actes. Jérémie, qualifié de « peintre » dans les actes. Décédé à l’âge de 67, le 18 avril 1680. D’après l’acte de décès qui le dit natif de Torcy, il serait né en 1613, année où il y a une lacune dans le registre des baptêmes. Les deux témoins à l’acte sont « Jean Brandon son fils », et Jean Guillon (Guillot), marchand à Sedan et neveu du défunt (époux d’Élisabeth Brandon, fille de Pierre, frère de Jérémie).




Nous connaissons les parents de Jérémie par son acte de mariage du 21 janvier 1635 qui le dit fils d’Abraham et de feue Élisabeth du Cloux. Son épouse, Élisabeth Janon, est la fille de « H.H. Jean Janon me imprimeur et feu Anne de Guingué ». 

Jean Jannon était arrivé à Sedan en 1610 où il fut imprimeur pendant plus de 40 ans. Son imprimerie était installée « … tant au-dessus de l’ancienne porte du rivage, d’où on avait accès sur le rempart ou courtine du bastion de Floing, que dans la maison y attenant occupée précédemment par le Capitaine des Portes, Honoré. 

Les titres de Jannon étaient ceux d’Imprimeur de Son Excellence et de l’Académie Sedanoise; de plus, il était marchand-libraire41 ». Le 23 juillet 1662 Jérémie Brandon épousa en secondes noces Jeanne Jenotel, fille de feu Jean, marchand à Sedan, et de Marie Moreau.
La famille de Daniel Brandon et de Jeanne Proligne

Le registre protestant de Sedan indique que les parents d’Anne Brandon, Daniel et Jeanne Proligne se sont mariés le 19 septembre 1632, que le mariage eut lieu à Wadelincourt, que le père du marié est hôtelier et celui de la mariée, marchand à Saint-Menges. Selon ce registre, le patronyme de la mère d’Anne Brandon est bien Proligne, non Proli, comme l’a écrit le curé Souart de Montréal en 1665.


Acte de mariage entre Daniel Brandon et Jeanne Proligne (19 sept. 1632)
La Canadienne Anne est le premier des huit enfants du couple.
  1. Anne, n. 28 août b. 2 septembre 1634 ++ Parrain et marraine, Antoine Proligne et Anne Brisbar, sa femme, demeurant à Saint Menges
Le parrain est sûrement le grand-père maternel; quant à la marraine, le fait qu’elle a des enfants en 1634 et même en 1637, nous porte à croire qu’elle pourrait être la deuxième épouse d’Antoine Proligne (dont on ignore s’il s’est marié deux fois). Toutefois, comme il ne reste plus de trace des baptêmes pour 1610-1629, il est impossible d’affirmer quoique ce soit avec certitude, surtout que les filles se mariaient souvent avant l’âge de 18 ans et que Jeanne Proligne a pu en faire autant. 

Baptême d'Anne Brandon - 2 sept. 1634

    2.   Pierre, n 25 b 27 décembre 1636 ++ Parrain et marraine, Pierre Brandon, receveur et frère de Daniel Brandon, et Anne Gantois sa femme.

   3.  Élisabeth, n 31 juillet b 1er août 1638 ++ Parrain et marraine, « Jeremie Brandon Pintre » et Élisabeth Janon; ce parrain est le frère de Daniel Brandon; Élisabeth est mentionnée dans la procuration des enfants d’Anne Brandon en 1702; elle habite alors Paris.

   4. Pierre, n et b 14 juin 1641 ++ Parrain et marraine, Pierre Brandon, receveur, et Anne Gantois sa femme.

   5. Marie, n 9 b 10 novembre 1643 ++ Parrain et marraine, Gantois pasteur à Givonne, et Marie Didier sa femme. Ce « Gantois », époux de Marie Didier, s’appelle Jacques et il est fils d’Eusèbe et Suzanne Lamothe selon ce qu’indique le registre de Sedan à son mariage le 12 décembre 1638. Il fut ministre à Givonne de 1638 à 164446. Son père. Eusèbe Gantois, avait épousé en premières noces une Anne Brisbar dont on ignore la parenté avec son homonyme, la marraine d’Anne Brandon.

   6. Jean, n 21 b 25 janvier 1647 ++ Parrain et marraine, Jean Simonet et Rachel Brandon. Jean est l’oncle mentionné dans la procuration des enfants d’Anne Brandon en 1702, il habitait alors Lyon.

   7. Philippe, n 6 b 7 février1648 ++ Parrain et marraine, Jean du Cloux et Marie Didier sa femme. Le parrain est le cousin germain de Daniel Brandon (voir le tableau sur la parentèle d’Anne Brandon).


  8. Jeanne, n 8 b 9 novembre 1653 ++ Parrain et marraine, Abraham Du Cloux et Jeanne Brandon sa femme; cette dernière est la fille de Pierre Brandon, frère de Daniel.

Jeanne Proligne est décédée peu après la naissance de Jeanne; nous n’avons pas son acte de sépulture. Le 29 novembre 1654, Daniel Brandon « marchand a Torcy » se remarie avec Rachel Froment, veuve de Claude Dufort marchand à Sedan. 

De cette deuxième union, le 17 octobre 1655, est née Marie Brandon; parrain et marraine, Henri Villain et Marie sa fille. Daniel Brandon décède le 28 juin 1672.


Acte de décès de Daniel Brandon - 28 juin 1672
La famille de Jeanne Proligne, mère d’Anne Brandon

Proligne, parfois écrit Proligue, est un patronyme assez rare. À son mariage, Jeanne affirme être la fille d’Antoine Proligne, marchand à Saint-Menges, mais aucune mention n’est faite du nom de sa mère. En tenant compte que, 1610 à 1629, il n’y a plus ni registre ni résumé de baptêmes, nous avons seulement trouvé deux couples Proligne ayant fait baptiser des enfants à Sedan :

Antoine Proligne, marchand à Saint Menges, époux d’Anne Brisbar et Jean Proligne, qualifié de soldat et de cavalier, époux de Rachel Desmarets.
ANTOINE PROLIGNE

Son épouse, Anne Brisbar, est marraine de la Canadienne Anne Brandon. Il n’y a aucun Proligne ou Brisbar parmi les parrains et marraines du couple Proligne-Brisbar. La famille Brisbar (Brisebarre) était connue à Sedan depuis le temps de Claude et Pierre Brisbar, deux des seize orfèvres mentionnés dans cette ville en date du 19 mars 1573 : Claude fut nommé contrôleur général de la monnaie de Sedan le 11 septembre 1577. 

Antoine Proligne et Anne Brisbar font baptiser trois enfants; au baptême de deux d’entre eux (Samuel et Daniel), le père est qualifié de marchand à Saint-Menges :
  1. Samuel, n 9, b 12 janvier 1631 ++ Parrain et marraine, Samuel Poilblanc et Claude Jostelle sa femme, de Sedan.
  2. Rachel, n 28 mars, b 1er avril 1634 ++ Parrain et marraine, Jean Béguin et Madeleine Poilblanc sa femme.
  3. Samuel, n 9, b 12 janvier 1631 ++ Parrain et marraine, Samuel Poilblanc et Claude Jostelle sa femme, de Sedan.
  4. Rachel, n 28 mars, b 1er avril 1634 ++ Parrain et marraine, Jean Béguin et Madeleine Poilblanc sa femme.
Tous les enfants ont comme parrain ou marraine un membre de la famille Poilblanc. Samuel Poilblanc avait épousé Claude Josteau de Châlons-sur-Marne, le 6 février 1605. Il était chirurgien ordinaire du duc de Bouillon, tout comme son père, Jean Poilblanc, originaire de Melun, époux de Denise Vivier.

Madeleine, fille de Samuel, épousa le 19 juin 1633 Jean Béguin, avocat en parlement et procureur fiscal de la souveraineté de Saint-Menges; né à Vouzy et baptisé le 6 juillet 1597 avec comme parrain et marraine Jean d’Orthe et Louise de Joyeuse; il était le fils de Pierre, marchand à Paris, marié à Sedan avec Françoise Mozet, veuve de Gérard du Cloux; l’autre marraine du couple Proligne-Brisar est Catherine Poilblanc, mariée le 19 mars 1634 avec Daniel Malet.

JEAN PROLIGNE



Jean, le deuxième Proligne ayant fait baptiser des enfants à Sedan, était probablement le frère de Jeanne, puisque cette dernière, avec Daniel Brandon comme parrain, est marraine de l’un de ses enfants. Jean Proligne et Rachel Desmarets font baptiser cinq enfants; le père est qualifié de soldat aux baptêmes de Louis, Jeanne et Zacharie, et de « cavalier » à celui de Guillaume.

1) Louis, n 4 b 16 mars 1634 ++ Parrain et marraine, Louis de Brossart, écuyer et Marie de Pouilly.
2) Jeanne, n 12 b 13 novembre 1635 ++ Parrain et marraine, Daniel Brandon et Jeanne Proligne sa femme.
3) Zacharie, n 24 b 25 juillet 1637 ++ Parrain et marraine, Jean Bertrand « hostelain » et Marie Roussal sa femme, mariés le 6 février 1633.
4) Anne, n 23 b 26 mai 1640 ++ Parrain et marraine, Pierre Brandon et Anne Gantois, fille d’Eusèbe et d’Anne Brisbar.
5) Guillaume, n 21 b 31 décembre 1641
Parrain et marraine, Guillaume Servas, capitaine, et « Judith Trouillart fe[mme] Sperlette ». Guillaume Servas était l’époux de Marie Sperlette (acte de décès de Jacques Servas, 24 juin 1639) alors que Judith Trouillart était l’épouse de Pierre Sperlette (acte de naissance d’Élisabeth Sperlette le 19 avril 1644).

Conclusion

Cet article démontre encore une fois que des familles ont pu tout autant beaucoup voyager à l’intérieur de l’Europe avant de traverser l’Atlantique en direction de la Nouvelle-France. Ce qui n’est pas pour rendre la tâche simple à leurs descendants généalogistes.

Les auteurs tiennent à remercier pour leur précieuse assistance, John P. Dulong, Alain Chapellier et Laurent Kokanosky.

Montréal (Lachine) – Québec
Brimont – Marne


Source : MSGCF, volume 59, numéro 2, cahier 256, été 2008 : 115-131 (Roland-Yves Gagné)
Source : Migration.fr

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Lieu : Saint-Hyacinthe, QC, Canada

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